vendredi 30 janvier 2015

Domaine Le Patriarche 7 Demeter


Quelques jours après le retour de Niangha, Greorg avait déployé, devant leurs yeux stupéfaits, un dessin stylisé de sa petite soeur Olingha : une femme en robe longue, à la grec, devant un champ labouré et avec ces mots : ô bio.
  • Demeter, murmura son père, déesse de la moisson, seulement nous ne faisons pas de blé.
  • J'y ai réfléchi en sachant que vous alliez faire cette remarque et j'ai demandé à Olingha d'y ajouter un dessin de légumes. Et voici ce que cela donne et il déplia un second dessin, jouissant en son fort intérieur de l'effet produit sur l'assemblée.
  • Magnifique, s'écria Niangha, des poireaux ! Cela me rappellera mes premiers pas sur notre domaine.
  • J'ai pensé que nous pourrions le prendre comme logo, le peindre sur les portières de nos camions de livraison. Si vous êtes d'accord, j'irai le faire agrandir et préparer un chablon avec Olingha.
  • Nous pourrions aussi l'utiliser comme entête de nos lettres, factures, etc, ajouta Julien. Puisque tout le monde est d'accord, je prendrai un « brevet » pour l'officialiser.

Sourires à la ronde ; tout le monde avait compris que « le patriarche », ainsi appelaient-ils Julien, faisait de l'humour en utilisant ce mot en pensant aux centaines de brevets pris, à tort, sur le vivant. Un brevet n'est-il pas fait pour protéger une invention et non ce qui existe ? La loi sur les brevets stipulait clairement que ceux-ci concernaient exclusivement les machines et les procédés industriels, mais en aucun cas les organismes vivants, et donc les plantes. Où, quand et par qui cette loi a-t-elle été biaisée se demandait-il. Concernant leur projet, il parlait « d'homologation » bien sûr, mais il restait songeur.

Niangha était rose de bonheur à l'idée qu'un de ses enfants allait participer au développement de leur entreprise et cela à pas 12 ans. Elle regarda Julien avec un amour profond et admiratif et pensa que pas un jour elle n'avait regretté d'avoir suivi cet homme et partagé sa destinée. Après le retour de Greorg et sachant que sa mère vivait en Moldavie, il y avait bien eu quelques échanges assez secs entre eux la fois où il avait été question à nouveau de mariage, mais Julien était resté ferme sur sa décision. Niangha avait fini par comprendre qu'il y avait des choses fondamentales chez un être qui ne pouvaient être changées et qu'elle devait l'accepter. Il faut dire à son actif que Julien avait reconnu officiellement leurs trois enfants, c'était l'essentiel.

Julien allait reprendre la parole lorsqu'il en fut détourné par le grésillement de son portable.

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