SABLE
Ce sont
les vacances, tous les jours, pas encore d'école. Sur le sable, les
doigts courent, dansent, exécutent des arabesques ; des
chemins, en virages dangereux, grimpent en zigzags sur des montagnes
qui s'affaissent sous les roues des voitures. Des pives marquent la
forêt, des herbes les champs, des fleurs de trèfle les potagers.
De jeunes
enfants, très jeunes, jouent dans le bac à sable, enserré dans des
planches en bois, devenues grises sous les intempéries ; il est
construit au fond du jardin, loin de la foule des vacanciers du mois
d'août qui se ruent au bord de la mer, tous en même temps.
A
quelques pas de là, à l'ombre des châtaigniers, confortablement
installés sur des chaises-longues, les parents lisent, bavardent, se
reposent de leurs longues journées de travail, sourient en regardant
leurs rejetons s'amuser en roulant leur Dinky Toys qui s'ensablent.
Heureuse enfance.
Demain, la
pluie aura tout effacé.
Pourtant,
un jour, je mettrai un bac à sable sur mon balcon et je bâtirai des
ponts pour relier, des tunnels pour méditer ; je tracerai de
grandes voies lactées pour voyager ; j'ajouterai des maisons
pour vivre, des chateaux pour rêver ; j'éparpillerai des
pétales de géraniums oranges et rouges pour embellir, j'enfoncerai
des feuilles de carottes pour l'ombre d'une forêt, je creuserai un
canal, que dis-je, un bisse et me souviendrai...
Prochaine lecture le 3 novembre 2017