jeudi 22 janvier 2015

Domaine Le Patriarche 4 Les Maïs


4 LES MAÏS

Ce soir là, ils étaient réunis tous les trois : Niangha raconta les événements qui avaient conduit à la destruction de toute la récolte de maïs deux ans au paravant. En effet elle y avait aperçu des feuilles brunissantes et enroulées sur elles-mêmes, des épis aux grains restés trop petits, pas d'insectes ravageurs, pas d'indice. Le phénomène se répandant, une équipe de ses ouvrières les surveillèrent et une nuit elles attrapèrent un gars avec une boille dans le dos qui aspergeait les pieds des maïs. Un pauvre bougre d'une quarantaine d'année qui bafouilla tant et plus lors de son interrogatoire, avouant puis se rétractant tour à tour, rien à en tirer. L'analyse du produit utilisé se révéla bien inoffensif : du sucre, de la glycérine et de l'eau. Nangha avait retiré sa plainte. Il vivait chez sa mère qu'il terrorisait selon certains. Un matin, on le retrouva mort, étendu sous son tracteur qui s'était retourné sur lui.

  • Que devient la mère ? Il faudrait voir si elle a besoin d'aide.
  • Marie, notre fromagère, la connait et lui porte beurre et fromages de notre production.
  • Voilà bien ma chère Niangha toujours généreuse en pensant aux autres dans le besoin.
  • Et la destruction de la récolte dans tout cela ?
  • Les analyses, dit Julien, n'ayant rien révélé de particulier, nous avons décidé de tout arracher, y compris les plantes en bonne santé, tu comprends, Greorg, nous devons veiller à la qualité de nos produits Bio et pouvoir la garantir.
  • Nous avons laissé séché tout cela sur le champ puis nous les avons porté à incinérer, ajouta Niangha. C'était tellement triste à voir. Tu sais que nous n'avons plus le droit de faire du feu sur nos terres à cause du réchauffement climatique, les lois sont durs pour les paysans de ce pays. Ne serait-il pas mieux d'interdire les guerres, les armes, les bombes sous lesquelles brûlent des centaines de villes et villages ? Et pourquoi fabriquer des armes si c'est pour les vendre à la fois aux deux camps ennemis ?
  • J'ai terminé de labourer ce champ, interrompit Greorg. Avec cette machine qui retourne les blocs de terre en profondeur, j'ai mis à nu bien des racines. Le froid qui vient avec le gel va les tuer. J'ai appris ce mode de faire à l'Ecole d'agriculture de Varsovie. Peut-être que dans 2 ou 3 ans tu pourras à nouveau ensemencer ce champ, Niangha. D'autre part je propose que nous mettions des canards sur notre étang.
  • Tu ne vas pas te lancer dans cet élevage ?
  • Non, je parle de canards sauvages, des colverts qui se nourrissent en surface de larves et d'insectes. Quand ils verront la beauté de notre étang, ils vont bien arriver par les airs, sinon nous leurs donnerons un petit coup de main... La présence d'animaux sauvages est un bon test anti-pollution, comme celle des poissons dans les rivières. De plus le mur de pierres construit le long de la rigole au sud de nos champs est terminé, 4 m sous terre et 1 m au-dessus, pour empêcher les racines de nos arbres d'aller s'étendre jusque chez Marci.
  • Et vice versa fit remarquer Niangha.
  • Oui mais chut ! De cela nous n'en parlons pas ! L'énorme tas de pierres amassé au cours des générations, ajouta Julien, aura été vraiment très utile pour monter ce mur. J'entends encore mon grand-père, vous ne l'avez pas connu, qui gardait tout en disant : « Ca peut toujours servir ». Mon père fit de même, je continue aussi, par habitude, ainsi, nous, paysans, continuons à passer pour de vieilles « râpes ». Tous trois éclatèrent de rire !

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