vendredi 6 février 2015

Domaine Le Patriarche 9 Marci


Les premières années qui suivirent sa décision, Marci était heureux de son succès : sa production de maïs OGM avait doublé, ses bénéfices également grâce au fait qu'il semait directement sans avoir à labourer et qu'il utilisait beaucoup moins de désherbant, soit un gain de temps et de mains d'oeuvre. Cependant il venait de remarquer l'apparition de mauvaises herbes plus résistantes qu'il fallut arracher à la main. Il les avait montrées à son copain botaniste qui était resté coi devant la vision de ces racines en étoile et de cette tige si robuste, presque du bois, du jamais vu. Intrigué, il était venu sur place et avait fait des recherches qui n'avaient abouti à rien. Une plante hybride avait-il dit, croisement entre une dent de lion et une rave peut-être, mais Marci ne cultivait pas de raves, c'était son voisin Julien qui le faisait, raison de plus pour fulminer contre lui, il fallait bien qu'il passe sa colère sur quelqu'un, trouve un responsable autre que lui.

Les semences hybrides étant quasiment stériles, Marci en rachetait chaque année à des prix très bas. Aujourd'hui celles-ci avaient presque doublé, ses bénéfices étaient à revoir à la baisse. Et ce diable de Julien qui avait obtenu qu'il recule ses cultures de 100m au delà des siennes, voilà qui diminuait sa surface cultivable. Que pouvait-il faire ? Il était lié par contrat au marchand grainier, pour 20 ans. Dans son enthousiasme et sur le moment, il n'avait pas voulu voir cette échéance qui ne lui paraissait pas si lointaine et qui le liait au bon vouloir du marchand.

Marci avait beaucoup insisté pour que son aîné travaille avec lui. Le succès lui était-il monté à la tête ? Il se baladait en grosse limousine jaune pétante, de quoi attirer quelques « mouches » ! Etait-il fanfaron, prétentieux ? A qui ressemblait-t-il ? Dès lors le père avait orienté ses cadets vers d'autres professions. Aimy était boulangère. Il n'était pas rare qu'elle quitte la ferme à 4h le dimanche matin pour aller préparer les tresses à enfourner une heure plus tard pour être prêtes, encore légèrement tièdes, à 7h, au sortir de la messe. En voila une qui était travailleuse ; ne serait-elle pas attirée par Greorg ? Il avait remarqué qu'elle rougissait en l'apercevant, cependant tout les sépare. Comprends-tu, chère petite fille, que c'est sans espoir ? Oui, car elle était partie vivre à Isogny et travaillait pour son oncle qui a une boulangerie.

De revers en revers, Marci abandonna ses terres, mit la clé sous le paillasson et partit rejoindre, en Argentine, son aîné qui y faisait de la

culture intensive de soja. Son cadet, dès son école de gestion terminée les y rejoindrait. Le domaine resta à l'abandon et fut mis en vente.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire