Le petit dernier, Adrien,
bientôt 9 ans, rêve de printemps, de courses folles sur son
skateboard avec ses copains. A moitié éveillé, il repense à ce
jour ensoleillé, où, avec eux, il était allé au bord de l'étang.
Ils lançaient des pierres en essayant de faire des ricochets au
grand effroi de Dame Colvert protégeant sa ribambelle de canetons.
Ils avaient été sévèrement réprimandés. Le domaine de papa est
un vaste terrain de jeux : cache-cache, glissades dans le foin
et risques de punition, comme le matin, où, grimpant sur le tas de
bois, celui-ci dégringola, tomba sur la jambe de Fabien et en brisa
un os. Des garnements pleins de vie. A le regarder, il était celui
qui ressemblait le plus à un Népalais : cheveux presque noirs
et bouclés, teint basané, et plus encore sa démarche particulière.
Oui, une démarche régulière, à la fois bien ancrée sur le sol et
tirant avec aisance vers le haut, celle d'un sherpa.
Tous ces derniers jours
il a suivi, comme son ombre, son oncle Tiengo qui travaillait à
renforcer les berges du canal menant de la rivière à l'étang,
transportant les pierres avec lui. Et le petit port qu'il a creusé
en demi lune au bord de l'étang et ses deux digues construites avec
d'anciennes briques, des petits bois attachés ensemble pour former
des bateaux : Niangha avait appelé Julien pour qu'il vienne
voir cette construction. Toujours attiré par l'eau, cet enfant.
C'était vers l'étang qu'il fallait le chercher quand il manquait à
l'appel. Que fera-t-il plus tard ? Adrien n'y songe pas, il vit
pleinement sa vie d'enfant. Plus tard ? Ca n'existe pas, pas
encore.
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