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GLING, GLING, BLING !
Bang
, gling gling bling ! Bang gling gling ! Un miroir qui
tombe dans la cuisine ? Mais il n'y a pas de miroir à la
cuisine ! Un trou en étoile dans la vitre, des bris de verre
sur le carrelage... prendre un balai, nettoyer. Non ! Non !
Ne rien toucher ! Et cette grosse chaussure sur le sol, au
milieu du verre cassé, elle allait se baisser pour la ramasser et,
curieuse, la soupeser. Ah non, pas touche, c'est une pièce, heu, une
pièce, une pièce à quoi ? Elle a pourtant lu assez de romans
policiers dans sa jeunesse mais le mot ne lui vient pas, tout
s'embrouille dans sa tête. Se reprendre, téléphoner au 117, il y a
urgence.
Epuisée,
effondrée dans un fauteuil, elle ferme les yeux. A-t-elle dormi ?
Combien de temps ? Est-ce dans son sommeil qu'elle entend des
sirènes ? Des lumières bleues, par intermittence, éclairent
ses paupières closes. La police ! Ah pour la discrétion c'est
parfait ! Il ne manque plus que la cavalerie Et tout à
coup elle se sentit secouée de la tête aux pieds par un rire
irrépressible. Plaquant un mouchoir sur sa bouche, elle ouvrit la
porte d'entrée juste à temps pour entendre :
- Eteignez donc cette foutue sirène !
- Bonsoir tante Laure ... oh, es-tu blessée ?
- Bonsoir David, non non, ça va, entre je t'en prie.
Laure
n'est pas la tante de David. Seulement elle a été la grande amie de
son père et ensemble ils ont fait les 400 coups pendant leur
jeunesse. Lorsque ils se revirent, mariés chacun de leur côté,
qu'il eut un fils et elle une fille, ils convinrent que leurs enfants
les appelleraient oncle et tante pour souligner des liens devenus
presque familiaux.
A
45 ans David est un beau grand gars, il a les épaules larges et
porte bien les gallons de lieutenant de police sur son uniforme. Ses
yeux, grands, bleus, bleu pervenche, semblent s'ouvrir en un regard
émerveillé sur les gens et le monde qui l'entoure. Si vous le
rencontrez, vous ne pourrez pas passer à côté de lui sans être
subjugué par la luminosité de son regard.
- Tu n'as rien touché, n'est ce pas, tante Laure, ni ce gros soulier au milieu des débris ? Il pourrait bien être une pièce à conviction.
- Venez vous assoir, Madame, et buvez cette tasse de thé, elle vous fera du bien, dit une voix féminine à côté d'elle.
C'est
qui celle-ci ? A-t-elle à peine pensé tout haut que la réponse
arriva, immédiate : « Je suis Mademoiselle Truc Muche,
psychologue et j'accompagne Police Secours pour le cas où quelqu'un
de traumatisé aurait besoin de mon aide ».
« Hum
hum ! Voyons l'intervention de la police est gratuite car elle
est un service rendu à la population et payée par nos impôts, mais
vous, vous demandez combien de l'heure ? »
Sur
un signe de tête de David, Mademoiselle Truc Muche glissa sa carte
de visite dans la main de Laure et quitta la maison d'une démarche
un peu raide et contrariée.
- Tante Laure, j'ai fermé les volets à la cuisine et je reviendrai demain vers 9 h avec un gars de l'Identité Judiciaire qui prendra des photos et relèvera les empreintes de pas dans le jardin, s'il y en a, car le terrain est très sec, il n'a pas plu depuis 5 semaines. Cette nuit, nous ferons une ronde dans le quartier et surveillerons ta maison, mais tu comprends, je ne peux pas laisser un homme devant ta porte, nous ne sommes pas assez nombreux pour cela. Ce gros soulier militaire au milieu de la cuisine pourrait bien appartenir à un paysan du coin et il était peut-être chez toi cet après-midi. Tu penseras à me faire une liste de ces personnes. Au fait, où est Toby ?
- Toby est chez le vétérinaire, il a été opéré à une patte, je vais le chercher demain.
- Ah oui, il est un bon compagnon pour toi.
Là-dessus,
David se penche sur sa tante pour l'embrasser, lui dire au revoir ;
Laure le retient dans ses bras et prend le temps de se baigner
lentement dans ses yeux.
Cette
nuit-là, elle eut de la peine à s'endormir, se tournant et se
retournant dans son lit ; trop énervée par les événements, elle
se mit à compter, recompter : 100'000 de dons, 35 % d'impôt
sur gain en loterie, euh, voyons reste environ 560'000 francs. Déjà
elle n'est plus millionnaire !
suite de ce récit le 9 octobre 2015
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