vendredi 2 octobre 2015

Un euro million : 2 Gling, gling, bling


2 GLING, GLING, BLING !

Bang , gling gling bling ! Bang gling gling ! Un miroir qui tombe dans la cuisine ? Mais il n'y a pas de miroir à la cuisine ! Un trou en étoile dans la vitre, des bris de verre sur le carrelage... prendre un balai, nettoyer. Non ! Non ! Ne rien toucher ! Et cette grosse chaussure sur le sol, au milieu du verre cassé, elle allait se baisser pour la ramasser et, curieuse, la soupeser. Ah non, pas touche, c'est une pièce, heu, une pièce, une pièce à quoi ? Elle a pourtant lu assez de romans policiers dans sa jeunesse mais le mot ne lui vient pas, tout s'embrouille dans sa tête. Se reprendre, téléphoner au 117, il y a urgence.

Epuisée, effondrée dans un fauteuil, elle ferme les yeux. A-t-elle dormi ? Combien de temps ? Est-ce dans son sommeil qu'elle entend des sirènes ? Des lumières bleues, par intermittence, éclairent ses paupières closes. La police ! Ah pour la discrétion c'est parfait ! Il ne manque plus que la cavalerie Et tout à coup elle se sentit secouée de la tête aux pieds par un rire irrépressible. Plaquant un mouchoir sur sa bouche, elle ouvrit la porte d'entrée juste à temps pour entendre :

  • Eteignez donc cette foutue sirène !
  • Bonsoir tante Laure ... oh, es-tu blessée ?
  • Bonsoir David, non non, ça va, entre je t'en prie.

Laure n'est pas la tante de David. Seulement elle a été la grande amie de son père et ensemble ils ont fait les 400 coups pendant leur jeunesse. Lorsque ils se revirent, mariés chacun de leur côté, qu'il eut un fils et elle une fille, ils convinrent que leurs enfants les appelleraient oncle et tante pour souligner des liens devenus presque familiaux.

A 45 ans David est un beau grand gars, il a les épaules larges et porte bien les gallons de lieutenant de police sur son uniforme. Ses yeux, grands, bleus, bleu pervenche, semblent s'ouvrir en un regard émerveillé sur les gens et le monde qui l'entoure. Si vous le rencontrez, vous ne pourrez pas passer à côté de lui sans être subjugué par la luminosité de son regard.

  • Tu n'as rien touché, n'est ce pas, tante Laure, ni ce gros soulier au milieu des débris ? Il pourrait bien être une pièce à conviction.
  • Venez vous assoir, Madame, et buvez cette tasse de thé, elle vous fera du bien, dit une voix féminine à côté d'elle.

C'est qui celle-ci ? A-t-elle à peine pensé tout haut que la réponse arriva, immédiate : « Je suis Mademoiselle Truc Muche, psychologue et j'accompagne Police Secours pour le cas où quelqu'un de traumatisé aurait besoin de mon aide ».

« Hum hum ! Voyons l'intervention de la police est gratuite car elle est un service rendu à la population et payée par nos impôts, mais vous, vous demandez combien de l'heure ? »
Sur un signe de tête de David, Mademoiselle Truc Muche glissa sa carte de visite dans la main de Laure et quitta la maison d'une démarche un peu raide et contrariée.

  • Tante Laure, j'ai fermé les volets à la cuisine et je reviendrai demain vers 9 h avec un gars de l'Identité Judiciaire qui prendra des photos et relèvera les empreintes de pas dans le jardin, s'il y en a, car le terrain est très sec, il n'a pas plu depuis 5 semaines. Cette nuit, nous ferons une ronde dans le quartier et surveillerons ta maison, mais tu comprends, je ne peux pas laisser un homme devant ta porte, nous ne sommes pas assez nombreux pour cela. Ce gros soulier militaire au milieu de la cuisine pourrait bien appartenir à un paysan du coin et il était peut-être chez toi cet après-midi. Tu penseras à me faire une liste de ces personnes. Au fait, où est Toby ?

  • Toby est chez le vétérinaire, il a été opéré à une patte, je vais le chercher demain.
  • Ah oui, il est un bon compagnon pour toi.

Là-dessus, David se penche sur sa tante pour l'embrasser, lui dire au revoir ; Laure le retient dans ses bras et prend le temps de se baigner lentement dans ses yeux.

Cette nuit-là, elle eut de la peine à s'endormir, se tournant et se retournant dans son lit ; trop énervée par les événements, elle se mit à compter, recompter : 100'000 de dons, 35 % d'impôt sur gain en loterie, euh, voyons reste environ 560'000 francs. Déjà elle n'est plus millionnaire !


suite de ce récit le 9 octobre 2015


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