vendredi 3 novembre 2017

18 UNE VILLE

UNE VILLE

« Il est 5h, Paris s'éveille », ainsi chantait Bénabar, mais cette ville-là n'est pas une capitale, ni même un chef-lieu, une simple bourgade.

Au petit matin, il n'y a pas foule dans les rues de cette petite ville du bord de l'eau ; celle-ci ne s'éveille que vers 6h, moment où commence le ballet bien orchestré des balayeuses municipales. Il faut nettoyer, enlever tout papier, tout carton, boîtes de pizzas par dizaines traînant à tout venant, surtout le lundi matin, enlever aussi le moindre petit mégot de cigarette comme au pinceau, et il y en a de ces mégots : autour des bancs, dans le jardin publique, le long des quais. Et les poubelles débordent, même de bouteilles en verre alors qu'il y a des containers pour celles-ci à proximité. De loin, en regardant tout cet affairement, ce travail de fourmis, on dirait un tableau de l'époque du pointillisme.

Aujourd'hui, les camions, les remorques où sont entassés les cageots pleins de légumes frais et de fruits des vergers d'alentours, sont déchargés sur la Grand'Place ; des trétaux montés sur peids, des tentes déployées, des parasols multicolores ouverts, appellent les ménagères les plus matinales, pressées, attentives aux différences de prix. Plus tard dans la matinée, les badeaux s'y promènent, mains dans les poches, curieux, mais aussi les femmes des belles maisons, coquettes et rieuses, accompagnées de leur servantes, elles font leurs achats ; ce sont de bonnes clientes pour les maraichers, il faut les soigner, son langage également ! Ainsi tous s'imprègnent de l'atmosphère légère, gaie, mouvante, d'une douceur de vivre particulière à cette petite villle. Ce samedi les maraichères ont revetu leur costume folclorique régional, elles attirent les touristes, aussi les amoureux de leur ville, de leurs traditions, c'est le coeur qui parle et puis, n'est-ce pas ici, la ville de la Fête des vignerons ?


Sagement, à 23h, les vitrines se sont éteintes, quelques réverbères éclairent encore la place de la gare devenue silencieuse, les trains ne circulent plus dès cette heure.  Des ombres mouvantes, furtives, hésitantes sur leurs jambes, rasent les murs des maisons, une voiture de police passe sans s'annoncer, ses phares trouent la nuit de deux rayons blafards. Les cafés ferment les uns après les autres, la ville s'endort, paible dans son écrin de vignes.


Prochaine texte le 10 novembre 2017

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