vendredi 10 novembre 2017

19 RIVIERE

19  RIVIERE

La rivière est aimée des enfants, elle est précieuse pour certains, enterrée par d'autres qui construisent par dessus, mais elle ressort quelque part, inonde le sous-sol des maisons, déborde des digues, creuse des ravins, rempli des lacs. Elle est turbulente, joyeuse, parfois elle murmure, cache dans ses eaux les truites qui se faufilent entres les algues, échappant à l’hameçon.

La mienne vient du plateau, coule tranquillement, confiante, sereine, passe sous l'autoroute, glougloute, s’emballe, creuse les virages ; il a fallu les consolider par des murs de béton ; pourquoi pas de grosses pierres ? Plus esthétiques certainement, plus naturelles surement. Enfin, passons ; tu es si jolie en robe grise, parfois mousseuse, reflétant le vert des arbres qui forment une couronne au-dessus de toi. Tu chantes des mélodies harmonieuses, parfois vengeresses pour qui te veut domestiquer et puis tu te précipites en cascades grondantes vers le Moulin, rabote tes flancs, ressort de cette gorge sombre au milieu des vignes, traverse ce village s'étirant tout en longueur, ses maisons batties les unes derrière les autres, tournées vers les Alpes de Savoie. Après une chute magnifique, admirée des touristes qui viennent gouter les vins, te te perds dans la vastitude d'un Léman aux couleurs irisées, jamais les mêmes.

Ta musique est tendre, faite de rêveries, tu nous berce en espérance de jours meilleurs, nous remet le coeur à l'endroit. Nous aimons t'écouter, tu nous ressource, comme tu le fait pour toi-même, intarissable, comme une éternité. Cette sensation de vie, de renouveau incessant est une bénédiction, parfois une prière, une élévation, une tendresse dans ce monde qui nous entoure. Tranformée, pour un instant, ailleurs, en un étang charmeur, elle nous console, nous apaise. Soudain sa turbulence nous secoue, nous ramène au présent, nous communique sa force, son allant. Une symphonie de sons, de lumières, se joue sur ses rives ombrées, ensoleillées, ouateuses, parfois brumeuses, souvent changeantes. Une symphonie de couleurs qui suivent les saisons, qui reviennent année après année jamais les mêmes.

Ses eaux se sont mélées à celles de ce lac merveilleux, chanté par les poètes, couché en bleus sur la toile par François Bocion. Et, mariée, elle ressort, transformée en fleuve. Immence voyage, petite source de bonheur, jusqu'à la mer. Mes yeux la suivent en pensées, la félicite, approuve son choix magique ; elle transporte la vie partout où elle passe, la rivière a tracé son destin.

Vous pourrez lire le prochain texte dès le 17 novembre 2017 



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