vendredi 1 mai 2015

Une cave-un galetas 6 : Double secret


  • Je prétends qu'il y a des faux qui dépassent les maîtres, et le Manet là-haut en est un, cependant, ajouta Armand, un faux même supérieur, reste une copie. Maintenant, que ce passerait-il si l'imitateur et le peintre travaillaient ensembles, sur un même tableaux ? Autrefois, chaque maître célèbre avait un vaste atelier, des apprentis, et un grand nombre de copistes tournaient autour de lui, en plus des faussaires, des imitateurs de talents divers.
  • Pensez-vous Armand, que la situation a changé au 20è siècle, sous la pression des acquéreurs-spéculateurs ?
  • D'après ce que j'ai lu à ce sujet, il existait autrefois des manufactures de copies, connues de tous ; cela allait avec son temps, faisait partie des moeurs de l'époque. Mais en effet, depuis le 20e siècle, peut être avant, avec l'appétit des collectionneurs et surtout des spéculateurs, ainsi que vous le dites, un « vrai » est chasse gardée, entouré de certificats d’authenticité pour rassurer l'acheteur. Même là, il y a des faux. Il suffit de lire l'histoire de John Drewe pour s'en convaincre ; elle est même si croustillante que l'on finit par être du côté du faussaire ! Fausses lettres avec de vraies entêtes, tampon de musée copié, faux inventaires et fausses photographies, catalogues falsifiés, la totale ! Très inventif !
  • Evidemment, quand il s'agit de millions, cela change toute la donne !
  • Pour rester dans le faux, John Myatt, artiste-peintre, qui a travaillé pour Drewe, a toujours nié avoir su quel genre de commerce faisait ce dernier. Myatt avait publié une annonce proposant des copies, ainsi il put prouver sa sincérité lors du procès et cela joua en sa faveur. Ce peintre lui vendait donc ses toiles bon marché et comme des « à la façons de », c'est Drewe qui empochait la grosse somme en falsifiant les certificats. D'ailleurs, dans toutes ces affaires frauduleuses, parues au grand jour, le peintre a souvent été très peu sanctionné.
  • J'y pense beaucoup depuis ce fameux matin et je me persuade que je suis dans cette situation, je n'ai rien signé n'est-ce pas ? Anxieuse, Marie-Ange tourna la tête vers son compagnon.
  • C'est votre meilleure défense si cela venait à se savoir. Pas de souci à avoir de mon côté, je n'ai jamais cambriolé votre cave.
  • Nous sommes donc tenus au silence de part et d'autre.
  • Disons que nous sommes unis par un secret commun.



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