5 DEUX MONDES
Ce matin en déjeunant, je
regardais par la fenêtre de la cuisine,
côté sud-ouest :
pendant la nuit la neige s'était déposée délicatement sur les
branches de la foret. Soudainement un coup de vent et la voilà
qui s'envole,
tourbillonnante, recouvrant le paysage d'un tulle de voile ajouré,
opalescent, presque transparent, laissant apparaître, ici et là, le
roux du feuillage automnal. Mais la neige continue de tomber, se
colle aux branches noires, saupoudrant les arbres en douceur.
La température a chuté,
pourtant il me semble entendre les oiseaux chanter.
Au-dessus de la foret,
juste en face de moi, je vois cette blancheur courir en nuages
diaphanes, s'enroulant les uns sur les autres et au milieu desquels
apparaissent, fugaces, quelques teintes de verts oubliées.
Une lumière hivernale,
ouatinée, dégage subrepticement
un coin de bleu.
Au nord, derrière la
maison, tout est blanc, uniforme, sans distinction de contrastes,
tout est silence aussi, on ne voit que des toits enneigés dans une
lumière pale, diffuse, terne. L'étendue neigeuse se dissout dans
la couverture nuageuse, le ciel et la terre se confondent ; sur
la route aucune trace de voitures, rien ne bouge.
Ainsi, à quelques mètres
l'un de l'autre, au même instant, deux mondes co-habitent. L'un est
mouvement, couleurs, murmurent, l'autre se tait, immobile, figé.
Cette durée, cette éternité de deux mondes passagers. Déjà le
soleil se lève...
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