vendredi 20 novembre 2015

Un euro million : 9 Amitié


 9 AMITIE

Marchant en pestant contre ses hauts talons et les pavés irréguliers de la rue principale de Tours, Laure s'arrête nette, l'autre, arrivant en face, fait de même. «  C'est toi, c'est bien toi » disent-elles en même temps. Elles tombent dans les bras l'une de l'autre, se reculent pour mieux se regarder, des gouttes de rosées perlent au bord de leurs cils.

L'amitié est faite de partage. Plus la rencontre est tardive, plus elle risque d'être courte, elle s’évanouit dès que l'on ne partage plus rien. Dans l'amitié qui vient de l'enfance, il reste toujours ces souvenirs complices que l'on retrouve chaque fois que l'on se revoit, même après plusieurs années de séparation. Ainsi est l'amitié entre Jehane et Laure. Elles avaient sauté ensemble à la corde, regardé les même garçons, s'étaient séparées lors de leur mariage respectif, s'étaient revues quand leur garçon fréquentèrent la même école, la même classe ; puis Jehane quitta le pays, suivant son mari à Johannesburg, appelé à de plus hautes fonctions.

    Bras-dessus, bras-dessous, toutes deux traversent la place et s'assoient sur un banc du parc municipal. A la double et même question posée comme d'une seule voix «  que fais-tu ici ? » , Jehane est la première à s'expliquer :
  • A la suite d'un infarctus, Jacques est décédé subitement, alors je suis revenue au pays. J'habite dans la maison de mes parents, ici, à Tours.
  • Moi aussi, fait Laure, je suis entrain d’emménager.
  • C'est pas croyable, s'exclame Jehane, comment cela se fait-il ?
  • C'est à cause d'une clé !
  • D'une clé, de quelle clé parles-tu ?
  • Celle qui m'a permis d'ouvrir une grande malle entreposée dans mon galetas, répond lentement Laure
  • Mais raconte, fait Jehane, pressante.
  • Cette clé m'a ramenée à Tours où j'espérais ne plus remettre les pieds car cette ville a été témoin du commencement de mes trois années de folie. Mais tu le sais, sans doute.
  • Oui, bien sur, Tours est une petite ville de 60'000 habitants et nous sommes connues. Je t'ai toujours défendue en disant : « c'est son argent, pas le vôtre, libre à elle d'en faire ce qu'elle veut ».
  • Ainsi est la véritable amitié. Bon, je reprends. Cette clé m'a donc conduite ici, auprès du conservateur des archives communales, je voulais savoir où se situait la maison de mon grand oncle maternel Jules Sismon. Sismon est le nom de jeune fille de Maman qui m'avait raconté l'histoire de son atelier de reliure. Nous avons retrouvé son emplacement, derrière la gare, mais le quartier a été rasé pour faire place à ces affreux immeubles locatifs et bon marché.
  • Tu me fais languir, je m'y perds, viens-en au fait.
  • Excuse-moi, mais plus je raconte et plus je comprends le rôle merveilleux joué par cette clé dans ma vie actuelle. D'ailleurs, je l'ai encadrée et suspendue dans mon magasin.
  • Ton magasin ? J'y comprends rien de rien !
  • Donc, je vais commencer par le commencement.

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c'est-à-dire, par le chapitre 8 que vous lecteurs, lectrices avez déjà lu. Alors rendez-vous le 27 novembre pour la suite de ce récit.




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