vendredi 4 décembre 2015

Un euro million 11 Jehane





11 JEHANE

Elle pousse le double battant du portail et pénètre dans le jardin. Des images de sa jeunesse l'assaillent et elle entend une voix lui dire :

  • Tu revois le jour de l'anniversaire de mes 18 ans, la grande table là-bas dehors, dressée pour le repas et la plus petite croulant sous tous les cadeaux
  • Tu lis dans mes pensées, chère Jehane ?
  • Je me pose la même question. Cela m'arrive parfois, mais je me dis qu'en ce moment c'est à cause de notre affinité, ou simplement parce que j'ai vu où se dirigeait ton regard, alors en même temps que toi j'ai revu la grande table et les cadeaux.
  • Il y avait eu cette affaire de broche qui avait disparu.
  • Oui, cela me hante à certains moments, comme celui-ci où je te retrouve.
  • Je comprends, notre amitié est profonde.
  • Il n'y a pas que cela... Jehane laisse la phrase en suspend.
  • On dit que l'avenir nous appartient, mais je suis persuadée que nous ne possédons que l'instant présent.
  • Nous ne pouvons pas effacer notre passé, poursuit Jehane avec un profond soupir.
  • Que se passe-t-il ma Jeanette ?
  • Je revois cette journée et je vais enfin soulager ma conscience : C'est moi qui ai volé ce bijou !
  • Un bijou qui allait t'être donné de toute manière.
  • Oui, mais je ne vois pas la chose de cette façon, je me suis dite : « j'ai volé ! » et je n'ai jamais pu l'avouer à ma mère. J'ai été bien punie car, pendant toutes les années qui suivirent, je n'ai pas pu le porter et maintenant que maman n'est plus de ce monde, je ne le retrouve pas.
  • C'est curieux en effet, cette expérience. Je ne sais que te dire pour apaiser ta conscience, il faut que j'examine la situation. Mais dans un premier temps sache que tu as eu raison de m'en parler. Toutes ces années de silence ont dû te peser, c'est peut-être là ce que tu as eu de plus lourd à porter, ce sentiment de culpabilité et, à la réflexion, ne plus jamais pouvoir le dire à ta mère, donc ne jamais être pardonnée, selon toi. Nous allons réfléchir au moyen de te libérer, il y en a un, sûrement, peut-être en parler à ton père ?

Se ressaisissant, Jehane entraîne son amie à l'intérieur de la maison où Aloïs attend Laure avec impatience, se réjouissant si fort de la revoir.

Vous pourrez lire la suite de ce récit dès le 11 décembre 2015


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