vendredi 3 juillet 2015

Une cave - un galetas 15 Château Les Aventurines


Avoir un château ne veut pas dire automatiquement vivre une vie de château, Armand en fit l'amère expérience. Ce soir-là, recevant, avec Marie-Ange, quelques amis intimes, il narra les événements qui précédèrent la vente du château survenue quelques années en arrière.

« J'étais en deuxième année de psychologie à la Fac de Vincianes, j'avais 21 ans. Mon frère aîné, Alphonse, avait terminé son droit et suivait une formation de gestionnaire en entreprise, poussé par leur père qui, hélas, mourut subitement, peu de temps après, d'une crise cardiaque.

Alphonse dû renoncer à exercer le barreau et reprit notre entreprise vinicole ; il découvrit, avec effarement, que celle-ci était dans les chiffres rouges depuis environ 4 ans, suite certainement à l'ouverture du marché aux vins étrangers. Mon frère et moi nous nous sommes dits que cette situation avait certainement miné la santé de notre père et qu'il avait espéré voir venir son aîné pour le seconder, soutenir ses efforts pour remettre la propriété à flot. Par la force des choses, Alphonse s’attela donc à la tâche, resserra les dépenses, chercha de nouveaux débouchés. Il engagea un représentant qui amena quelques nouveaux clients, d'Allemagne en particulier, mais conjointement, il en perdit un certain nombres de proximité : hôtels et restaurants qui s'étaient reconvertis à la cuisine italienne et se fournissaient en vin directement en Italie.

Alors que les affaires semblaient reprendre, dans un virage, pris à une vitesse probablement excessive, la voiture d'Alphonse dérapa et alla s'encastrer dans un arbre, il mourut sur le coup. Ainsi, du jour au lendemain, je me retrouvais à la tête d'un vaste espace de vignes, un travail auquel je ne connaissais rien et un château qui avait bien besoin d'être rénové ; je n'ai aucun sans commercial, ainsi que peut vous le confirmer Marie-Ange, ici présente.

Un autre événement survint et qui cette fois, plus que les précédents, atteignit ma mère en plein coeur : mon frère cadet était parti faire un stage de deux ans en oenologie, très, très loin, en Australie. Année après année, elle attendait son retour, elle adorait ce fils ; ne me dites pas qu'une mère ne doit pas faire de différence entre ses enfants, qu'elle doit tous les aimer de la même façon, c'est un mythe. Je lui ai caché, le plus longtemps possible qu'il aimait une jeune fille, mais quand le mariage arriva, je dû le lui dire. Le choc fut terrible, Maman resta sans prononcer un mot pendant trois semaines, elle maigrit, se laissa doucement couler, c'était trop pour elle. Elle ne s'intéressa même pas à ses trois petits enfants qui naquirent au-delà des mers. Il avait promis qu'il viendrait la voir, mais il avait toujours une nouvelle raison à invoquer, elle n'y croyait plus.

C'est donc absolument seul que je me retrouvais face à une multitude de problèmes et à la santé déclinante de ma mère. J'en vins à vendre certaines terres, ne serait-ce que pour pouvoir transformer une pièce au rez-de-chaussée du château en chambre à coucher, agrandir les toilettes et y ajouter une douche pour ma mère en lui évitant ainsi les escaliers qu'elle gravissait avec de plus en plus de difficultés. Je fermai les chambres du personnel sous les combles pour ne pas avoir à les chauffer, notre gouvernante-cuisinière et la petite aide, furent logées sur le même étage que moi. Pensez donc, le personnel, réduit au minimum, et le maître sur le même étage ! Peut-être aurais-je dû placer ma mère dans une institution quand le moment vint où il lui fallut une infirmière à domicile, mais je n'en eus pas le courage. Comme le dit mon aimée : « Vous avez fait de votre mieux, avec ce que vous aviez, ne regrettez rien, en plus vous avez donné un peu de bien être à l'auteure de vos jours »



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